Herausgegeben von Dr. P.M. – Herausgeber der

CHANT D’AMOUR

 

Poème du Josèphe-Marie Mayer


Moi, Marie,
Je suis Notre Dame Noire,
Et je suis belle,
O filles de Paris,
Comme les tentes des bergères,
Comme les pavillons du roi.

Ne prenez pas garde à mon teint noir:
C'est le soleil qui m'a brûlée.
Les fils de ma Mère Dieu
Se sont irrités contre moi,
Ils m'ont faite gardienne des vignes,
Mais m vigne, à moi,
Je ne l'ai pas gardée.

Dis-moi, ô Josèphe-Marie,
Toi que mon coeur aime,
Où tu fais paître tes brebis,
Où tu les fais reposer à midi.
Car pourquoi serais-je comme une égarée
Près des troupeaux de tes compagnons?

A ma jument
Qu'on attelle aux chars du roi
Je te compare, ô mon amie Marie.

Tes joues sont belles
Au milieu des colliers,
Ton cou est beau
Au milieu des rangées de perles.

Je te ferons des colliers d'or
Avec des points d'argent.

Mon bien-aimé Josèphe-Marie est pour moi
Un bouquet de myrrhe,
Qui repose entre mes grande seins!

Que tu es belle, mon amie Marie,
Que tu es belle!
Tes yeux sont des colombes.

Moi, Marie,
Je suis un narcisse des jardins,
Un lis des vallées.

Les fleurs paraissent sur la terre,
Le temps de chanter est arrivé,
Et la voix de la tourterelle
Se fait entendre dans nos campagnes.

Le figuier embaume ses fruits,
Et les vignes en fleur
Exhalent leur parfum.
Lève-toi, mon amie Marie,
Ma belle, et viens!…

Ma colombe,
Qui te tiens dans les fentes du rocher,
Qui te caches dans les parois escarpées,
Fais-moi voir ta figure!
Fais-moi entendre ta voix!
Car ta voix est douce
Et ta figure est agréable.

Prenez-nous les renards,
Les petits renards
Qui ravagent les vignes;
Car nos vignes sont en fleur.

Mon bien-aimé Josèphe-Marie est à moi,
Et moi, Marie, je suis à lui;
Il fait paître son troupeau
Parmi les lis.

Sur ma couche,
Pendant les nuits,
J'ai cherché Josèphe-Marie,
Celui que mon coeur aime;
Je l'ai cherché,
Et je ne l'ai point trouvé.

Je me lèverai,
Et je ferai le tour de la cité
Dans les rues et sur les places;
Je chercherai Josèphe-Marie,
Celui que mon coeur aime.
Je l'ai cherché,
Et je ne l'ai point trouvé.

Les gardes qui font la ronde dans la cité
M'ont rencontrée:
Avez-vous vu Josèphe-Marie,
Celui que mon coeur aime?

A peine les avais-je passés,
Que j'ai trouvé Josèphe-Marie,
Celui que mon coeur aime;
Je l'ai saisi,
Et je ne l'ai point lâché
Jusqu'à ce que je l'aie amené
Dans la maison de ma Mère Dieu,
Dans la chambre de celle
Qui m'a conçue immaculé.

Qui est celle Marie
Qui monte du désert,
Comme des colonnes de fumée,
Au milieu des vapeurs de myrrhe
Et d'encens
Et de tous les aromates des marchands?

Que tu es belle, mon amie Marie,
Que tu es belle!
Tes yeux sont des colombes,
Derrière ton voile…
Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres,
Suspendues aux flancs
De la montagne des Pyrenées.

Tes dents sont comme un troupeau
De brebis tondues,
Qui remontent de l'abreuvoir;
Toutes portent des jumeaux -
Aucune d'elles n'est stérile.

Tes lèvres sont comme un fil cramoisi,
Et ta bouche est charmante!
Ta joue est comme une moitié de grenade,
Derrière ton voile…

Ton cou est comme la tour d’Avignon
Bâtie pour être un arsenal;
Mille boucliers y sont suspendus,
Tous les boucliers des héros.

Tes deux seins sont comme deux faons -
Comme les jumeaux d'une gazelle -
Qui paissent au milieu des lis!

Avant que le jour se rafraîchisse,
Et que les ombres fuient,
J'irai à la montagne de la myrrhe
Et à la colline de l'encens.

Tu es toute belle, mon amie Marie,
Et il n'y a point en toi de défaut, Immaculée!

Viens avec moi des Pyrenées,
Ma fiancée,
Viens avec moi des Pyrenées!
Regarde du sommet de la montagne,
Des tanières des lions,
Des montagnes des léopards.

Tu me ravis le coeur, Marie,
Ma soeur, ma fiancée,
Tu me ravis le coeur
Par l'un de tes regards,
Par l'un des colliers de ton cou.

Que de charmes dans ton amour,
Ma soeur, ma fiancée!
Comme ton amour vaut mieux que le vin,
Et combien tes parfums
Sont plus suaves
Que tous les aromates!

Tes lèvres distillent le miel, Marie,
Ma fiancée;
Il y a sous ta langue
Du miel et du lait,
Et l'odeur de tes vêtements
Est comme l'odeur du orient.

Tu es un jardin fermé, Marie,
Ma soeur, ma fiancée,
Une source fermée,
Une fontaine scellée.

Tes jets forment un jardin,
Où sont des grenadiers,
Avec les fruits les plus excellents,
Les troënes avec le nard;

Le nard et le safran,
Le roseau aromatique
Et le cinnamome,
Avec tous les arbres
Qui donnent l'encens;
La myrrhe et l'aloès,
Avec tous les principaux aromates;

Une fontaine des jardins,
Une source d'eaux vives,
Des ruisseaux des Pyrenées.

Moi, Marie,
J'étais endormie,
Mais mon coeur veillait.
C'est la voix
De mon bien-aimé Josèphe-Marie,
Qui frappe:
Ouvre-moi, ma soeur, mon amie Marie,
Ma colombe, ma parfaite!
Car ma tête est couverte de rosée,
Mes boucles sont pleines
Des gouttes de la nuit.

Moi, Marie,
J'ai ôté ma tunique;
Comment la remettrais-je?
J'ai lavé mes pieds;
Comment les salirais-je?

Mon bien-aimé Josèphe-Marie
A passé la main par la fenêtre,
Et mes entrailles
Se sont émues pour lui!…

Je me suis levée pour ouvrir
A mon bien-aimé Josèphe-Marie;
Et de mes mains
A dégoutté la myrrhe,
De mes doigts,
La myrrhe répandue
Sur la poignée du verrou!…

J'ai ouvert à mon bien-aimé Josèphe-Marie;
Mais mon bien-aimé s'en était allé,
Il avait disparu.
J'étais hors de moi,
Quand il me parlait.
Je l'ai cherché,
Et je ne l'ai point trouvé;
Je l'ai appelé,
Et il ne m'a point répondu.

Les gardes qui font la ronde
Dans la cité de Paris
M'ont rencontrée;
Ils m'ont frappée,
Ils m'ont blessée;
Ils m'ont enlevé mon voile,
Les gardes des murs.

Moi, Marie, je suis
A mon bien-aimé Josèphe-Marie,
Et mon bien-aimé Josèphe-Marie
Est à moi, Marie!
Il fait paître son troupeau
Parmi les lis.

Tu es belle, mon amie Marie,
Comme Avignon,
Agréable comme Paris,
Mais terrible comme des troupes
Sous leurs bannières.

Détourne de moi tes yeux,
Car ils me troublent!
Tes cheveux, Marie,
Sont comme un troupeau de chèvres,
Suspendues aux flancs des Pyrenées.

Tes dents sont comme
Un troupeau de brebis,
Qui remontent de l'abreuvoir;
Toutes portent des jumeaux -
Aucune d'elles n'est stérile.

Ta joue est comme une moitié de grenade,
Derrière ton voile...

Il y a soixante reines de la France,
Quatre-vingts concubines du roi,
Et des jeunes filles sans nombre!

Une seule est ma colombe,
Ma parfaite, Marie;
Elle est l'unique de sa Mère Dieu,
La préférée de celle
Qui lui donna le jour.
Les jeunes filles la voient,
Et la disent heureuse;
Les reines et les concubines aussi,
Et elles la louent.

Qui est celle qui apparaît
Comme l'aurore?
Belle comme la lune!
Pure comme le soleil!
Mais terrible comme des troupes
Sous leurs bannières!

Reviens, reviens, Marie!
Reviens, reviens,
Afin que nous te regardions!
Qu'avez-vous à regarder la vierge Marie
Comme une danse du marriage?

Que tes pieds sont beaux
Dans ta chaussure,
Fille du roi!
Les contours de ta hanche
Sont comme des colliers -
Oeuvre des mains d'un artiste!

Ton sein est une coupe arrondie,
Où le vin parfumé ne manque pas!
Ton corps est un tas de froment,
Entouré de lis.

Tes deux grande seins, Marie,
Sont comme deux faons!
Comme les jumeaux d'une gazelle!

Ton cou est comme une tour d'ivoire;
Tes yeux sont comme les étangs de Lourdes,
Près de la porte de Pau;
Ton nez est comme la tour d`Eiffel,
Qui regarde de la cité de Paris.

Ta tête est élevée
Comme Lisieux,
Et les cheveux de ta tête
Sont comme la pourpre;
Le roi est enchaîné
Par des boucles!

Que tu es belle, Marie,
Que tu es agréable,
O mon amour Marie,
Au milieu des délices éternelles!

Ta taille ressemble au palmier,
Et tes grandes seins à des grappes!

Moi, Josèphe-Marie, je me dis:
Je monterai sur le palmier!
J'en saisirai les rameaux!
Que tes grandes seins soient
Comme les grappes de la vigne!
Le parfum de ton souffle
Comme celui des pommes.

Et ta bouche
Comme un vin excellent!
…Qui coule aisément
Pour mon bien-aimé Josèphe-Marie,
Et glisse sur les lèvres
De ceux qui s'endorment!

Je suis à mon bien-aimé Josèphe-Marie,
Et ses désirs se portent vers moi, Marie!

Viens, mon bien-aimé,
Sortons dans les Champs Èlysées,
Demeurons dans les villages de la Provence!

Dès le matin nous irons aux vignes,
Nous verrons si la vigne pousse,
Si la fleur s'ouvre,
Si les grenadiers fleurissent.
Là je te donnerai mon amour!…

Oh! Que n'es-tu mon frère,
Allaité des mamelles de ma Mère Dieu!
Je te rencontrerais dehors,
Je t'embrasserais,
Et l'on ne me mépriserait pas.

Je veux te conduire,
T'amener à la maison de ma Mère Dieu;
Tu me donneras tes instructions,
Et je te ferai boire du vin parfumé,
Du moût de mes grenades!

Qui est celle qui monte du désert,
Appuyée sur son bien-aimé?
Je t'ai réveillée sous le pommier;
Là ta Mère t'a enfantée,
C'est là qu'elle t'a enfantée,
Qu'elle t'a donné le jour, Marie.

Mets-moi comme un sceau
Sur ton coeur, Joséphe-Marie,
Comme un sceau sur ton bras;
Car l'amour est plus fort comme la mort!
La jalousie est inflexible
Comme le séjour des morts!
Les ardeurs d’amour
Sont des ardeurs de feu,
Une flamme du JAH!